Mercredi 27 janvier 2010 à 12:43

En ce moment, le chômage est la première préoccupation des français. Ils sont cons ces français, le président a dit que le chômage allait sensiblement reculer, alors pourquoi s'en préoccuper ?

Laissons donc de côté le chômage et occupons-nous de ce qui, à mon avis, est une perversité encore bien plus grande : le travail.

Travail est la déclinaison du mot latin tripalium (ça pas mal de monde le sait) qui est un instrument de torture. Déjà, ça sent pas bon.
Depuis des millénaires donc, le travail porte une connotation de douleur, de torture et d'évaluation sociale.

De nos jours, le travail porte une connotation de citoyenneté, de responsabilité, d'indépendance et d'ascension sociale.

Mais bordel, COMMENT en est-on arrivés là ?

Le travail est devenu le moteur de la société capitaliste de consommation. On gagne son salaire en produisant, on le dépense en consommant (je reste volontairement simpliste sur ces notions que vous pouvez approfondir par vous-même, afin de ne pas perdre le fil de mon raisonnement), et la boucle se répète inlassablement.
De fait, un individu sans "ressources" (nouveau terme pour l'argent, allez savoir pourquoi..) sera mis au ban de la société, qu'il le souhaite ou non. 
Le travail apparait donc comme le moyen de se faire une place dans la société, d'exister en tant qu'individu puisqu'aucune autre alternative ne nous est proposée. Travailler est on ne peut plus nécessaire, un citoyen qui travaille est un bon citoyen, un citoyen au chômage un mauvais citoyen, un citoyen qui ne veut pas travailler... n'est rien du tout.

Théoriquement, nous sommes censés passer entre 40 et 50 années de notre vie à bosser comme des chiens pour gagner un petit pécule une fois notre inutilité avérée (comprenez l'âge de la retraite). Est-ce que quelqu'un ici à sérieusement envie de se taper autant d'années de boulot ? Si oui, félicitations pour vous, même si je vous considèrerai comme un(e) sacré(e) con(ne).

Le travail apparait d'autant plus important qu'il est soumis à l'argent. Ou plutôt, NOUS sommes soumis à l'argent. On ne gagne pas sa vie quand on se met à bosser, arrêtons de nous foutre cette idée en tête : vous donnez de votre vie, en échange on vous donne un peu de votre argent. En gros, nous ne sommes pas si différents des putes sauf que nous ne nous risquons même pas à le reconnaitre.

Alors, on arrête de travailler ?

JAMAIS ! OH GRAND JAMAIS ! SUPPOT DE SATAN ! FEIGNASSE DE MES DEUX ! ENCULE DE JEUNE !

Voilà, grosso merdo, les réactions que l'on peut entendre lorsqu'on évoque la suppression du travail. Même un gros syndicaliste tout rouge (en fait, surtout lui) sera ulcéré par l'idée même de la fin du travail. Tout le monde ou presque vous gueulera dessus parce que le seul horizon qu'ils ont et ont toujours eu, c'est leur travail, leur petit plan de carrière minable et toutes les moisissures qui vont avec. C'est vraiment à gerber. 
 

La réussite sociale est évoquée à travers le travail, tout comme la réinsertion. Toutes les politiques de soutien, d'accompagnement passent par le travail. Toute votre éducation consiste en un seul but : vous amener sur le marché du travail. Vous n'avez pas d'avenir en dehors du marché du travail puisque le marché du travail est votre avenir, imposé discrètement avec mille artifices, mais présent quand même.

Travailler nous enferme dans des habitudes de vie qu'il devient très difficile de quitter par la suite, horaires et cadences nous aliènent à notre condition de travailleur et font petit à petit disparaitre toute velléité d'insubordination au "destin humain".
La valeur de l'argent est également renforcée, pas sa valeur fiduciaire mais sa valeur immatérielle, l'importance qu'on lui accorde. On l'a gagné après tout, on le mérite bien !
Travailler nous lie bien souvent à un endroit précis, bouchant pas mal d'ouvertures vers l'extérieur et les autres. Parfois c'est le contraire qui se produit, avec l'hyper-flexibilité du travail on peut se retrouver à se déplacer presque tout le temps sans jamais pouvoir se ressourcer ou ne serait-ce que s'arrêter et se dire :

"Mais bordel, pourquoi est-ce que je fais ça ? ..."

Je ne suis pas en train de vous faire une ôde à la fainéantise, je prêche plutôt contre l'asservissement de tout individu. Le travail est l'un des meilleurs moyens inventés.

J'aime bosser. Dans ce qui me plait, et à mon rythme. Malheureusement, c'est l'individu qui doit s'adapter au monde du travail, au marché. Toujours plus de production, toujours plus de croissance, de PIB et autres conneries d'indicateurs qui ne reflètent nullement la qualité de vie, la vie même.
Si l'on bossait 2h par jour ou 8h d'affilée pendant deux jours de la semaine, notre vie serait beaucoup plus agréable.
On peut aussi envisager la transformation du mode de travail sur une année, ainsi, j'ai beaucoup d'amis qui travaillent deux, trois mois par an et qui jouissent de leur vie le reste de l'année. Comment font-ils ? Ils ne cherchent pas un appartement magnifique en ville, ne succombent pas à l'immense masse d'inutilités produites par la société de consommation. Bref, ils sortent du système tout en gardant un pied dedans, à la fois comme provocation mais aussi parce qu'il est extrêmement difficile et périlleux de se couper de tout.

Il faut se reprendre en main, et pour cela il faut aussi reprendre en main son outil de travail, sa conception du travail. Malheureusement, les occasions sont rares et la décision difficile à prendre puisqu'elle implique fatalement le rejet d'une grande partie de la société, à moins qu'elle ne vous rejette avant.
La ruche a besoin de toute la force de travail disponible et hyper-spécialisée pour assurer la survie de la ruche et non des individus.

On se tue à la tâche, que ce soit bien clair. 40 années de notre vie.

Nous devons retourner à une conception locale, auto-suffisante et non génératrice de profit du travail, c'est d'ailleurs le seul moyen d'aimer ceci à moins d'être passionné.
 

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